Tour d'Agnello à l'Est de BarcaggioCette étape est désormais officiellement décrite comme le sentier douanier littoral entre Centuri et Macinaggio et répertoriée par le Conservatoire du Littoral !
Un beau parcours marin avec les deux hameaux de Tollare et Barcaggio au milieu dont la beauté paradisiaque incite à se demander pourquoi les habitants les ont désertés...

Vendredi : Centuri-Macinaggio

La marine de Centuri

La marine de Centuri

Les vaches de Barccaggio sur la plage devant la Giraglia

Vaches de Barccaggio devant la Giraglia

Tour d'Agnello à l'Est de Barcaggio

Tour d'Agnello à l'Est de Barcaggio

Je quitte Centuri, progressant vers le nord jusqu'aux confins de la Corse. À TollareTollare, je m'étonne de découvrir là-encore un hameau presque vide. Pourquoi donc ses habitants ont-ils déserté un tel lieu de paradis ? Je n'ai comme réponse que cette réplique, volée à un pilier de bar croisé hier soir ; une parole pleine de profondeur dont je ne suis pas encore sûr d'avoir perçu tout le sens : "- Ceux qui savent sont au cimetière…" !

BarcaggioUn peu plus loin, dans le hameau jumeau de Barcaggio, les lieux sont tout aussi dépeuplés et évoquent la solitude d'une ville fantôme, attendant la ruée estivale vers l'or soleil. Des vaches trempent leurs sabots dans le sable à l'embouchure de l'Acqua Tignese et observent benoîtement les voiliers au large…
La fin de mon raid s'approche ; j'entame une dernière ligne droite, rehaussée par un paysage extraordinaire, sans doute l'un des plus beaux de toute la Méditerranée. Les sites entrevus repoussent très loin ma remontée du temps. Commencée dans les quartiers modernes de Bastia, celle-ci se termine au pied de quatre tours génoises vieilles de plusieurs siècles, puis sous les restes d'un vieil oppidum romain hissé à l'aplomb de la Cala Francese…
Tour de Santa Maria en allant à MacinaggioMacinaggio enfin, terme de ma courte expédition. Le quai résonne du bruit des mâts qui s'entrechoquent sous l'effet de la houle. Sans idée de programme, je force l'entrée du premier bar venu : on y discute bruyamment, évoquant l'époque annoncée où les premiers navires à grande vitesse pourront accoster là, devant la terrasse. Mais les travaux ruineux, préalables à ce rêve futuriste, sont-ils bien à l'échelle de cette escale sans prétention, plus habituée aux voiliers de croisière qu'aux paquebots surpuissants ?
Entre deux cris venus du comptoir, destinés à imposer un point de vue sur cette question de fond(s), je fais la connaissance d'Hervé. Son travail de fonctionnaire à Bastia lui donne depuis deux ans le temps et l'envie de restaurer une embarcation douteuse qu'il destine à un effrayant projet de transatlantique. Il passe ses nuits au port, dans une couchette étroite où j'aurais quelque inquiétude à séjourner plus de cinq minutes. Je n'imagine pas que l'on puisse affronter l'immensité de la haute mer, emprisonné dans un si petit espace…
Il ne me faut qu'une heure de voiture pour regagner avec lui Bastia ; là- encore, il n'y a aucun sas de transition entre la solitude des côtes, au nord d'Erbalunga, et les embouteillages de l'agglomération. Mon voyage est bien fini. Mais je sais déjà que je viendrai bientôt revisiter cette presqu'île rare et singulière, où se franchit si facilement la frontière de l'espace-temps.