La seule randonnée classique menant au coeur du Filosorma, ce sommet du Saltare est un bijou !
Son ascension vous réservera des souvenirs inoubliables, entre la visite de la pittoresque bergerie du Saltare, la raide ascension au sommet, la VUE panoramique incroyable sur les arêtes vertigineuses et les ravins formidables environnants depuis un belvédère détaché de la Grande Barrière... Un régal !
La région : Falasorma
Voici une région, arrière-pays de la petite station côtière de Galeria, qui est restée totalement à l'écart du développement des activités de montagne (randonnée, escalade, canyoning) en Corse depuis le début des années 1970. A part la petite station balnéaire estivale de Galeria, le reste du territoire ne se compose que de modestes hameaux dispersés dans la vallée du Fangu : Mansu, Tuvarelli, Barghjana, Monte Estremu. Le seul sentier marqué de l'arrière région montagneuse est l'ancier sentier de transhumance Falasorma - Niolu passant par la piste du pont des Rocce, Bocca di Capronale et Bocca di Guagnerola : il permet une randonnée intéressante et classique (non décrite ci-après) jusqu'au petit refuge de Puscaghja, de l'autre côté du col de Capronale, marquant la haute vallée de la Lonca. Sinon, seul le GR20 y fait un petit passage en franchissant I Cascitoni (le Cirque de la Solitude) sur le versant W, donc Falasorma, de la Punta Minuta. Et pourtant c'est une zone majeure de la montagne corse et l'une des plus spectaculaires avec ses dénivelés de 2000 à 2500 entre ses crêtes et sommets d'un côté, et les derniers hameaux habités (Barghjana, Monte Estremu, situés à 200m d'altitude) de l'autre, ainsi que ses grands ravins sauvages créés par le Fangu et ses affluents qui dévalent ces versants.
Deux randonnées vous sont indiquées pour illustrer cette belle région :
- Bocca di Melza et Capu Manganellu à l'entrée de la vallée du Fangu
- Monte Saltare au pied de la Grande Barrière.
Monte Saltare (08/2004) :
Mauvais temps au Saltare
Ne pas croire que la Corse en montagne en été soit exempte de tout aléa météorologique : le temps méditerranéen que l'on a sur les plages n'est pas toujours celui que l'on retrouve en montagne. Dès que l'on dépasse 1800m en montagne corse, le mauvais temps, même en été, peut être extrêmement dangereux : des exemples de morts au mois d'août sur le GR20 ou dans la face N de la Paglia Orba (grimpeurs) sont là pour témoigner qu'il faut toujours emporter dans son sac de quoi affronter des températures voisines de zéro, même sous le climat méditerranéen (celui-ci ne concerne que les côtes et les altitudes en-dessous de 1000m).
En ce qui concerne, le Saltare (dont l'ascension dépasse à peine 1500m), je l'ai personnellement gravi dans des conditions climatiques pourries (vent, brume, froid). Dans ce contexte, ce n'est plus du tout la même chose que sous le soleil habituel : nécessité d'une extrême attention à l'orientation, difficulté à s'arrêter sans se refroidir, recherche de l'abri du vent, épuisement rapide, ... Quelques photos dans le diaporama et dans cet encart pour donner une idée de ce que l'on peut avoir à endurer dans ces parois de la Grande Barrière ! Ce jour-là, l'orage était descendu jusqu'à la côte : fort vent et fortes pluies à Galeria.
• Accès : Se garer à Barghjana (fond de la vallée de Galeria/Mansu).
• Dénivelé : 1250m (de 170 à 1418m).
• Itinéraire : Descendre un sentier (près du "Bar des Amis") qui mène à une passerelle (175m d'altitude) traversant le Fangu et plus loin à des vasques-piscines marquant le début de la Candela. Suivre la RG de la Candela, en retrouvant très vite un sentier qui rattrape plus loin (50mn) la piste venant de Monte Estremu (cette piste peut être prise depuis Monte Estremu, mais au final on ne gagne rien et c'est beaucoup moins joli !) et arrivant à la confluence Bocca Bianca/Cavicchia (260m - 1h30). Continuer sur la piste RG de la Cavicchia sans la traverser pour atteindre la prise d'eau à un petit barrage (480m - 2h15). Retrouver l'ancien sentier plus haut sur la RD, en traversant le barrage puis en grimpant les pentes raides au-dessus de la prise d'eau (il est possible et préférable de traverser le gué 100m en aval du barrage - bifurcation marquée par un cairn - et de prendre le sentier en bas de la montée) et le suivre jusqu'à un gué face à la Punta Minuta en fond de vallée. Traverser la Cavicchia à ce gué et continuer le sentier sur l'autre rive par une montée raide en lacets, puis une petite traversée vers l'Est au-dessus d'une falaise qui mène à une cuvette boisée sur le ruisseau précédant celui du Saltare, un peu au-dessus de la confluence Cavicchia/Saltare (770m - 2h45). Traverser la cuvette et retrouver en face, entre les deux ruisseaux, un sentier bien tracé (si on le trouve pas, monter dans le torrent : c'est comme cela que je l'ai fait au début !) qui monte en 30mn à la bergerie du Saltare (900m - 3h15 depuis Barghjana), grand abri sous roche bien aménagé pour gîte et couvert 3 étoiles. Le chemin continue au-dessus de la bergerie, passe en RD du Saltare, puis remonte à gauche en s'incurvant vers le col du Saltare que l'on atteint aisément par des pentes fort raides. Du col, partir à gauche et escalader les quelques blocs qui défendent la crête sur la gauche du sommet que l'on atteint aisément (1418m - 1h à 1h30 depuis la bergerie - 4h30 à 5h depuis Barghjana).
• Retour : Par le même chemin.
• Descente : 40mn jusqu'à la bergerie. De la bergerie à Barghjana, environ 2h30, soit environ 3h15 en tout. Boucle complète en 8h !
• Intérêt : Attention à cette course qui est longue et épuisante et se déroule dans un territoire délicat si on perd le chemin et son orientation ! C'est une excellente initiation au ravinisme, rubrique dans laquelle cette course est aussi décrite en variante du ravin de Saltare. C'est aussi la course la plus simple de ce fond de vallée sous la Grande Barrière et l'une des seules accessible au simple randonneur. Il y a dorénavant un sentier jusqu'à la bergerie et au col du Saltare : pour vous aider à travailler votre sens de l'orientation, ce sentier est facile à perdre et vous devrez être attentif jusqu'au bout (Cf. Initiation au Falasorma).L'immense intérêt de ce sommet est qu'il constitue un belvédère détaché de la Grande Barrière avec une vue imprenable permettant de contempler du regard, tout proches, éperons, couloirs, arêtes, murailles, qui constituent le plus remarquable obstacle montagneux de Corse : vous en aurez plein les yeux (et aussi plein les bottes) !
La seule vraie randonnée relativement accessible dans le coeur des ravins du Filosorma vous est détaillée sur la carte ci-contre.