Longue dorsale de schiste enfoncée dans la mer, le Cap Corse est une île plus qu'une montagne. C'est le royaume de l'eau et du vent (cf. ses moulins à vent et maintenant ses éoliennes), rencontrés tout le long de ses routes littorales qui font le tour de la presqu'île en vous conduisant de hameaux en hameaux dans cet habitat disséminé...
Une crête montagneuse Nord-Sud cloisonne cette région en deux parties qu'il est difficile de relier d'Est en Ouest, tant les routes transversales sont peu nombreuses et délicates. Le meilleur moyen de visiter le Cap est donc bien la route littorale et cela tombe bien puisque c'est le sujet de cette rubrique ! On est vraiment dans la partie la plus maritime de l'île et on ne s'étonne plus que cette partie de la Corse ait eu une longue tradition de marins marchands, quasiment les seuls sur l'île...
- Bastia - Macinaghju (Macinaggio) :
Partie littorale la plus riante du Cap, avec des côtes en pente douce depuis la dorsale montagneuse centrale, ce parcours est longé au niveau de la mer par la D80 de bout en bout et s'effectue en voiture.
Miomo
- En empruntant la route du bord de mer à la sortie N de Bastia, la D80, la première station rencontrée est Miomo, avec sa plage de galets fréquentée par les Bastiais et sa tour génoise.
Erbalunga
- Rien de notable avant Erbalunga, la plus remarquable marine de la côte Est du Cap : cette marine de la commune de Brando propose une superbe tour génoise en extrémité d'une plage de galets et un village pittoresque bâti en avancée dans la mer avec des maisons pieds dans l'eau.
Sisco
- La D80 contourne ensuite la tour ruinée de Sacro et rejoint la marine de Sisco, station de bord de mer d'une des communes les plus belles du Cap.
Pietracorbara
- La marine suivante sur la D80 offre une jolie plage de sable blanc, surplombée par la tour Castellare au sommet de la colline voisine.
La route passe ensuite au pied de la Tour de l'Osse (ex- Torre dell'Aquila), remarquablement restaurée, et arrive à la marine de Cagnano, puis à celle de Luri.
Porticciolo
- C'est la marine de Cagnano, dotée d'un petit port de pêche encore très actif il y a 30 ans et ancien moteur économique de la région avec son chantier naval au XIXème siècle.
Santa Severa
- C'est la marine de Luri, avec un port de plaisance particulièrement bien protégé.
Macinaghju (Macinaggio)
- La D80 continue en bord de mer après Santa Severa, passe par la marine de Meria et sa plage, puis rejoint Macinaghju, marine de Rogliano, où elle arrête de longer le bord de mer et bifurque brutalement vers l'Ouest. Ancienne base stratégique corse pour la défense de l'île contre les Barbaresques, Macinaghju a agrandi récemment son port pour devenir le plus grand port de plaisance du Cap et un centre nautique idéal pour les croisières vers la pointe de la péninsule.
- Macinaghju (Macinaggio) - Centuri :
Cette partie de la côte n'est pas longée par la route et n'est accessible qu'à pied. Son parcours constitue une magnifique randonnée réalisable en une ou deux étapes : Centuri - Barcaghju (Barcaggio) et Barcaghju - Macinaghju (Macinaggio). C'est le célèbre "Sentier des Douaniers" du Cap Corse, dorénavant bien connu et fréquenté pour sa partie entre Macinaghju et Barcaghju, la plus variée et la plus belle. Ce circuit vous est détaillé ci-après, selon le découpage en deux étapes indiqué ci-dessus, et est décrit dans le sens Centuri - Macinaghju, mais peut être parcouru en une seule étape et dans l'autre sens sans aucun inconvénient. Une route centrale permet d'accéder à Tollare ou Barcaghju, facilitant ainsi la réalisation d'une seule étape.
Schéma du "Sentier des douaniers"
à la pointe du Cap Corse
Circuit Centuri - Barcaghju (Barcaggio) (09/2010) :
Le sentier des douaniers
Les comptages effectués en février 2002 sont instructifs : 40000 passages entre Tamarone et la plage des îles Finocchiarola contre 2200 passages entre le sémaphore et Centuri. On se promène à l'Est de la pointe, on randonne à l'Ouest !
Le "sentier des douaniers" a été créé à partir de 1993 et ouvert depuis 1998, grâce à une initiative de la DDE, appuyée par les gestionnaires des espaces naturels locaux. Il constitue dorénavant un parcours de 19,3 km reliant Macinaghju à Centuri. Le tracé de ce sentier fut, par endroits, une création totale et, sur d'autres portions, la reprise de cheminements existants. Il a été un succès immédiat, à la fois pour les Corses qui viennent dorénavant s'y balader depuis toute partie de l'île, mais aussi pour les touristes qui, au lieu de ne visiter le Cap Corse qu'en une journée de voiture, s'attardent plusieurs jours pour visiter la pointe !
Ce sentier est donc devenu aujourd'hui à la fois un fort atout touristique pour la région et un symbole de ses sites protégés.
• Accès : Atteindre Centuri et se garer au N du port où l'on trouve aisément le départ du sentier avec son panneau de balisage. Plusieurs petits parkings possibles à proximité.
• Dénivelé : 610m environ de dénivelé positif et négatif, avec passage d'un col à 217m et contournement du Monte Maggiore (359m).
• Itinéraire : Le sentier vous emmène vers le N, par une trace escarpée le long du raide versant Ouest du Cap. Il revient ensuite vers l'intérieur jusqu'au col d'U Muracciu à 217m (1h30) où il rejoint un peu plus loin le ruisseau de Grotta alle Piane. A l'écart du sentier, vers le SE, vous pourriez visiter les pittoresques ruines pastorales de Grotta alle Piane au bout d'un sentier en provenance du superbe village restauré de Cannelle. Le ruisseau plonge vers le N pour rejoindre le versant du sémaphore de Capu Grossu dont on atteint la route (2h30). Après 900m sur la route, le sentier repart vers le N et redescend à la plage à l'E du Monte Riuzzulu avant de remonter immédiatement le long des pentes W du Monte Grande et d'atteindre le minuscule port de Tollare (3h45). Après la plage de l'Arena, il ne reste plus qu'à parcourir un petit tronçon de côte plate, abritant quelques étranges ruines d'habitations troglodytiques, pour atteindre le port de Barcaghju (4h15). Pas de camping, plusieurs hôtels possibles dont le plus récent et le meilleur à notre avis est le Petra Cinta, récemment ouvert et de très bon rapport qualité/prix.
• Retour : Navette de voiture ou suite du Sentier des douaniers vers Macinaghju.
• Intérêt : Etape de loin la plus sauvage du "Sentier des douaniers", cette partie manque un peu de variété si vous vous contentez de rester sur le sentier. Souvent austère (versant W sous le Capu Biancu, descente de Grotta alle Piane), peu fréquentée par les randonneurs qui lui préfère l'autre étape, elle réserve quand même quelques paysages dignes d'intérêt : sentier perché sur une côte abrupte battue par les vagues du grand large, falaises maritimes, maquis à genévriers, petits ports de pêche hors du temps, sémaphore inattendu... En fait, il faudrait sortir du sentier pour visiter des sites d'exception : l'incroyable hameau de Cannelle au-dessus de Centuri (restauration réussie d'un ensemble d'habitations typiques, abritant fontaine et lavoir remarquables, point de départ de sentiers pittoresques,...), les ruines pastorales de Grotta alle Piana au bout d'un des sentiers de Cannelle, les ruines de Tollare-Barcaghju, les marines de Centuri (port de pêche où l'on trouve encore une vingtaine de bateaux actifs et de nombreux restaurants à langoustes !), Tollare et Barcaghju, etc...
La carte ci-contre sera consultée utilement pour obtenir le détail du parcours entre Centuri et Barcaghju.
Circuit Barcaghju (Barcaggio) - Macinaghju (Macinaggio) :
Îlots Finocchiarola
Il s'agit d'un chapelet d'îlots situé au N de Macinaggio à la pointe portant le Capu di a Guardia. Ces espaces naturels sont gérés par l'association Finocchiarola - Pointe du Cap Corse, regroupant les communes d'Ersa, Centuri et Rogliano et l'association des amis du Parc naturel régional de la Corse.
Ils possèdent une faune et une flore exceptionnelles. Pour la faune, le célèbre goéland d'Audouin qui ne vit qu'en Méditerranée (effectifs mondiaux : 3000 couples il y a une quinzaine d'années, 20000 couples aujourd'hui et 100 couples sur les îlots), beaucoup d'autres oiseaux marins (cormoran huppé, puffin cendré, goéland leucophée) et certains rapaces menacés (faucon pélerin). Pour la flore, en dehors des plantes caractéristiques du maquis (arbousier, bruyère arborescente, filaire à feuille étroite, lentisque, myrte, romarin, calycotome, chêne vert et ciste de Montpellier), quelques originalités comme la présence du genévrier de Phénicie peu fréquent dans le nord de la Corse et de la bruyère multiflore, uniquement présente ici, ainsi que quelques espèces endémiques rares.
Dans la réserve naturelle des Îles Finocchiarola, le débarquement est interdit du 1er mars au 31 août ; le mouillage est interdit toute l'année dans un rayon de 200m autour des îles.
• Accès : Atteindre Barcaghju (Barcaggio) et se garer au parking de la plage (payant en été !). Traverser la plage (passerelle pour franchir le ruisseau de l'Acqua Tignese) et retrouver le Sentier des douaniers à son extrémité Est.
• Dénivelé : 360m environ de dénivelé positif et négatif.
• Itinéraire : A l'extrémité E de la plage de Barcaghju, reprendre le sentier longeant la côte en contournant strictement les superbes dunes d'A Cala, puis en retrouvant la crique sous la tour d'Agnellu et la tour elle-même (45mn). La visite de la tour est assez intéressante par l'architecture de sa salle centrale (cheminée,...), mais on ne peut plus accéder au sommet (porte fermée !) et admirer le reste.
Au-delà, le sentier emprunte la crête de la Cima di a Campana (130m) et, après un col (119m) et une trace en ligne de niveau, redescend abruptement vers la côte schisteuse de la baie de Capandula avant d'atteindre Cala Francese (1h40), squattée en permanence par les vaches. C'est ensuite la Cala Genovese, malheureusement désormais envahie par les posidonies, puis la superbe tour ruinée Santa Maria à l'entrée de la rade du même nom (2h).
C'est ici que débute la partie la plus fréquentée avec un flot de touristes à la journée en provenance de Tamarone. La tour est suffisamment célèbre, bien que ruinée, par sa beauté esthétique en bordure NW de la rade et la chapelle Santa Maria, située un peu en arrière-plan de la plage de Santa Maria et de plus en plus délabrée, vaut une visite pour son intérieur et son abside asymétrique : cela suffit à ce que les estivants acceptent deux heures de marche A/R pour visiter ces lieux !
On s'élève ensuite à flanc du Monte di a Guardia pour franchir sa crête N, puis on descend sur la plage des îles, juste en face des îlots Finocchiarola avec leur tour ruinée du type "L'Île Noire" de Tintin. Le sentier descend ensuite plein Sud, le long du raide versant E du Monte di a Guardia, avant d'atteindre la plage de Tamarone (très fréquentée l'été...), de contourner la Punta di Coscia en cotoyant le site archéologique local et de rejoindre Macinaghju et son vaste port de plaisance (3h30).
• Retour : La meilleure solution est d'organiser une navette de voitures entre Macinaghju et Barcaghju (ou Centuri). Le retour sur cette étape peut se faire grosso modo par le même chemin en choisissant les raccourcis et la piste directe par la chapelle Santa Maria : une solution simple est de n'envoyer que le meilleur marcheur pour le retour qui reprend le reste de la troupe ensuite (selon nombre de voitures).
Une autre solution, suggérée par François Despax dans un des commentaires de cet article, pour les marcheurs qui sont partis de Centuri et qui ont encore du courage pour faire le retour à pied, consiste à emprunter un itinéraire direct par l'intérieur selon routes et chemins locaux. Consulter le tracé de cet itinéraire sur la carte du Cap Corse à droite de ce paragraphe.
• Intérêt : Le superbe panorama et l'intérêt écologique et environnemental de cette balade côtière ! On peut découvrir le long de cette randonnées d'anciens fours à chaux au milieu des genévriers (Punta di Coscia), des sites archéologiques (Punta di Coscia), une chapelle romane à double abside (Santa Maria), des moulins à vent et un chapelet de tours littorales de l'époque génoise (Santa Maria, Agnellu,...). Le paysage est de maquis sur un relief aux formes alanguies, avec des pentes douces menant à un fond de crêtes, et un chapelet d'îles ponctue le parcours (Finocchiarola, Giraglia). Le site de la Tour Santa Maria est superbe et constitue un fond de carte postale bien connu en Corse ! Tout cela dans un espace protégé, partiellement propriété du Conservatoire du Littoral, géré par une association (Finocchiarola - Pointe du Cap Corse), et disposant d'une faune et flore variées dont plusieurs espèces endémiques. Evidemment, en été, on n'est plus tout à fait en "Corse sauvage", mais ce n'est pas Porticcio ou Porto-Vecchio !!
La carte ci-contre sera consultée utilement pour obtenir le détail du parcours entre Barcaghju et Macinaghju : attention à la fin du parcours entre Tamarone et Macinaghju où nous avons suivi la piste plutôt que le sentier de la Punta di Coscia pour des raisons pratiques...
Les horaires affichés par les gestionnaires de ce "Sentier des douaniers" (4h pour Centuri-Barcaghju et 3h pour Barcaghju-Macinaghju) semblent un peu optimistes : n'hésitez pas à rajouter 30mn à chacun, en particulier pour la 2ème étape où la fin vers Macinaghju est assez longue...
Diaporama "Circuit Macinaghju - Barcaghju"
Diaporama "Sentier des douaniers du Cap Corse (Centuri - Macinaghju)"
- Centuri - Saint-Florent :
Partie littorale la plus austère du Cap, avec des côtes abruptes bordées de falaises tombant de la dorsale montagneuse centrale, ce parcours est longé par la D80 de bout en bout et s'effectue en voiture.
Centuri
- Petit port de pêche attachant et le premier du Cap en tonnage de poissons, bien qu'il ne soit accessible qu'aux bateaux à faible tirant d'eau. Pittoresque et touristique...
On repart de Centuri en voiture par la D35 pour rejoindre la D80 et arriver aux hameaux de Morsiglia avec leurs nombreuses tours défensives, puis on contourne la baie d'Alisu et sa belle plage avant d'arriver à Pino.
Pino
- Village remarquable tout en hauteur, Pino dispose d'une marine en contrebas, la marine de Scalo avec sa tour et son couvent Saint-François, d'une église baroque et d'autres tours sur les hauteurs.
Depuis Pino, la D80 suit la route en corniche au-dessus de la mer, passe à Minerviu, contourne l'anse de Giottani et sa marine et rejoint rapidement Canari.
Canari
- Village remarquable du Cap Corse avec sa chapelle pisane du XIIème siècle, son église Saint-François et son magnifique campanile.
Après Canari, la route passe sous l'ancienne mine d'amiante, au-dessus de la baie d'Albu, dont l'exploitation fut abandonnée en 1966 et qui enlaidit toujours le paysage.
Albu (Albo - Ogliastro)
- Le petit village d'Albu représente la partie maritime du village d'Ogliastru et y abrite sa mairie. Petit hameau touristique avec hotel, restaurant, belle plage et tour littorale magnifiquement conservée.
Après Albo, la route longe la longue plage de galets de Nonza puis rejoint le village qui surplombe la plage au Sud.
Nonza
- Village célèbre du Cap, construit sur une pyramide rocheuse presque détachée de la côte, dominant une immense plage de galets mauves et noirs à laquelle on accède par une longue volée de marches de schiste, et coiffée d'une belle tour.
Après Nonza, la D80 vous emmène jusqu'à Saint-Florent, terminus du littoral du Cap Corse, en rencontrant encore tours (Negru, Farinole,...) et marines (Farinole,...) le long de cette abrupte côte Ouest.
Un " single" de rêve , l'un des meilleurs qu'il m'ait été donné de faire en Corse.
De Tollare rejoindre Barcaghju puis un sentier de l'intérieur pour rejoindre le sentier des douaniers.
OK pour cette suggestion :