A nouveau un parcours très varié pour parcourir le tronçon Spergane - Centuri !
Les traces des incendies catastrophes, la décharge origine des feux, la baie d'Alisu, la tour de Morsiglia, et enfin la marine de Centuri, autant de points forts de cette étape variée et magnifique, à la décharge près...
Jeudi : Luri-Centuri
Je quitte Spergane avec d'infinis regrets… Après cet entracte amical, je m'apprête en outre à vivre dans des sites hostiles. Le sentier s'engage dans un couloir utérin, enfermé sous un maquis exubérant. Au col, le vent s'est levé, froid et tourbillonnant. Il me revient les mots de consolation d'un des convives du repas de la veille : "Le vent c'est bien, ça chasse les mouches" !
Puis tout change brusquement : les bourrasques cessent et le paysage vire du vert au noir. Le feu passé par là n'a pas fait les choses à moitié, brûlant des centaines d'hectares de versants désormais tout nus. Le chemin divague maintenant entre des troncs calcinés de bruyères ; des tiges géantes d'asphodèles délimitent une artère singulière et lugubre dont elles semblent constituer aujourd'hui le seul ornement végétal vivant…
Plus loin, je contourne la décharge de Morsiglia. Installée en plein vent, c'est elle la responsable de la ruine de toute cette végétation. Elle continue à fumer sans vergogne, rêvant sans doute de la prochaine fournaise qu'elle ne manquera pas de bientôt déclencher… L'autre soir, Robert a d'ailleurs prédit l'incendie de l'amphithéâtre dessiné par la baie d'Alisu, un site magnifique où la végétation empêche aujourd'hui les vaches de s'aventurer. Sans doute un berger leur ouvrira-t-il bientôt un passage ; s'agira-t-il de celui qui me faisait récemment cette révélation sibylline : "- Le feu c'est terrible, mais quand il n'y a pas le feu c'est une catastrophe…" !
Morsiglia est le dernier village belvédère inscrit à mon programme. Je décide donc de prendre mon temps et de traîner sur cet ultime balcon… Posacce, Mucchieta, Baragogna, Pecorile, Stanti…, les noms, les hameaux de la commune chantent dans ma tête et s'enchaînent tranquillement.
De vieux chemins, emprisonnés par d'énormes murs de pierres sèches, vont et viennent entre ces lieux de vie. Noircies par l'ombre des chênes verts et balisées par des tombeaux rivalisant de splendeur au point de ressembler à des mausolées, ces allées funèbres suggèrent toutefois de presser l'allure. Heureusement, quelques parcelles de vigne teintent d'un vert plus clair une nature sûrement capable d'enfouir de nombreux secrets…
Je dévale plus bas un splendide chemin côtier qui passe au pied de deux moulins ; leur état de ruine suggère la venue dans les parages d'un Don Quichotte victorieux. De loin, ils peuvent être confondus avec l'une de ces tours génoises qui égayent tout le pourtour du Cap. Il faut dire que le temps a rapproché les formes de ces monuments, effaçant leur artifices - leurs créneaux, leurs ailes… - dans une même décadence.
C'est enfin Centuri, halte attendue où je goûte le charme d'un village hors du temps. Centuri reste encore (pour combien d'années ?) un lieu où l'on ne cherche manifestement ni à vivre pour travailler, ni à travailler pour vivre, mais seulement à vivre pour vivre !
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