Barghjana - Bocca di Serra Pianella - 06/2015 :
Une course renommée, déjà indiquée dans les guides de Fabrikant depuis les années 1970, qui emprunte la partie inférieure du ravin de Laoscella (course précédente) et le couloir de Serra Pianella ensuite en versant Ouest pour arriver à Bocca di Serra Pianella (2130m). Elle est surtout pratiquée en traversée entre le Filosorma et le Niolu, le Col de Serra Pianella étant l'un des rares passages praticables par des randonneurs pour franchir la"Grande Barrière". Ici, seul le parcours par le versant Filosorma sera décrit, celui du versant Niolu étant décrit dans les "Autres ravins".
Accident dans le couloir de Serra Pianella
Avec Olivier, durant notre périple de juin 2015, nous avons trouvé la partie supérieure du couloir de Serra Pianella plutôt corsée. C'est une raide montée d'éboulis dont les blocs générés par les éboulements fréquents dans ce coin, sont éclatés, fissurés, de toutes tailles et posés le plus souvent en équilibre précaire : même à la montée, la progression n'est jamais facile et demande de l'attention. Elle nous a réservé une bien pénible surprise !
Vers 09h30, en escaladant un petit ressaut, Olivier a agrippé de la main droite un gros bloc de plusieurs dizaines de kilos qui a basculé sur lui, sans toucher le haut du corps mais en écrasant le bout de son pied gauche en fin de course. Comme j'étais décalé sur la droite, je n'ai pas été concerné par la chute du bloc, mais j'ai bien vu que mon coéquipier essayait de surmonter difficilement la douleur causée à son gros orteil... Finalement, plus de peur que de mal, mais on s'imaginait mal en train de se faire secourir dans le haut de ce couloir dangereux et désert à 2000m daltitude! Et comment prévenir les secours ? On s'apercevra plus tard que le réseau passait à Bocca di Serra Pianella et à la pointe Lejosne, mais il était préférable de ne pas avoir à s'en préoccuper... Surtout que j'aurais peut-être choisi la descente comme meilleure solution pour trouver de l'aide avec 5/6h de marche avant de trouver quelqu'un ou de capter.
Comme prévu, au retour, la descente de cette partie du couloir s'est avèrée un vrai calvaire, aggravé par le souvenir de l'accident de la montée qui nous a paralysés quelque peu ! Difficile de tenir debout dans ces blocs instables et dans cette pente très chaotique.
La conséquence de cet accident aura été la modification de notre agenda pour la suite du raid. Ayant peur d'avoir des difficultés à marcher le lendemain, Olivier n'a rien trouvé d'autre comme solution que de faire le Saltare, dans la foulée de notre descente de Serra Pianella, le jour même ! Et nous nous sommes lancés dans une traversée hasardeuse et ultra maquisée entre les deux ruisseaux de Laoscella et Saltare pour retrouver au plus direct la sente menant au Monte Saltare.
Bilan de l'opération : 10h30 de marche dans la journée pour 10km seulement de distance mais plus de 1800m de dénivelé dans les deux sens. Une belle journée de Corse sauvage et, effectivement, Olivier avait peine à marcher le lendemain matin pour la redescente à Barghjana...
• Accès : Se garer à Barghjana (fond de la vallée de Galeria/Mansu).
• Dénivelé : 1955m (de 175 à 2130m. Sur le terrain, compter près de 2200m.
• Itinéraire : Comme pour le ravin du Saltare jusqu'à la bergerie de Saltare (900m - 3h15 depuis Barghjana). Continuer le sentier de montée après la bergerie et, juste au-dessus, prendre la branche de droite qui traverse le ruisseau parallèle à celui du Saltare. Retrouver la bonne sente (depuis 2008) juste en face sur l'autre rive pour remonter le ruisseau de Laoscella en RG (Cf. ravin de Laoscella). On rejoint les bergeries de Laoscella (1350m - 1h30 depuis la bergerie de Saltare) après avoir passé de belles cascades et traversé le ruisseau plusieurs fois dans sa partie supérieure.
Au point d'eau au-dessus des bergeries, traverser le ruisseau de Laoscella et, sur l'autre rive, prendre la vire qui permet de rejoindre en oblique le couloir de Serra Pianella 200m plus loin. Remonter le couloir au mieux sur sa rive droite. Il fait environ 700m de dénivelé en trois parties : le tiers inférieur en escarpements rocheux surplombant en début de saison un grand névé au fond du ravin, le tiers central avec de nombreuses traversées d'aulnaies parfois scabreuses et le tiers supérieur en éboulis raides avec des blocs rocheux détritiques (passage malaisé et dangereux). Le col ne se découvre qu'à la fin après avoir obliqué d'abord sur la droite au sommet du couloir pour revenir à gauche sous le col (2130m - 2 à 3h depuis les bergeries de Lasocella - 7 à 8h depuis Barghjana) en longeant les parois Nord de la pointe Lejosne.
• Pointe Lejosne depuis le col (variante) : contourner par la gauche (Est) le ressaut de l'arête NE de la pointe Lejosne avant de trouver un couloir rejoignant un collet sur cette arête. Du collet, deux voies possibles (cairnées en 2015) pour rejoindre en 30mn le sommet (panoramique !) avec des passages d'escalade assez faciles (3 max). Retour par le même chemin (une autre voie facile possible sur l'arête SW - non réalisée). A/R en 1h depuis le col.
• Retour : Redescente par le même chemin (Laoscella, Saltare, Cavichja, ...).
Autre retour possible par le versant Niolu vers le refuge de Tighjettu ou Calasima (cf. Serra Pianella par le Niolu.
• Descente : environ 5 à 6h jusqu'à Barghjana. Attention au début de la descente depuis le col : elle s'oriente vers la gauche et évite la plus grande ligne de pente directe dont la sortie facile n'est pas assurée. Pas trop de problème quand on a déjà fait la montée, mais méfiance en venant du Niolu !
• Intérêt : Un beau ravin méconnu puisque ce versant n'est pratiqué quasiment que par ceux qui traversent la Grande Barrière, contrairement au versant opposé côté Niolu. Ce versant est très austère, avec des névés parfois imposants, souvent pris par les nuées empêchant une orientation aisée, mais d'une sauvagerie incroyable comme tous ces ravins du Filosorma. Nous y avons rencontré en 2015 plusieurs hardes de mouflons à différents étages du ravin et un couple d'aigles royaux dans un long survol circulaire de la partie centrale. Ne pas le mésestimer, surtout si la météo est capricieuse et faire attention à la partie supérieure du couloir.où nous avons frôlé l'accident suite au basculement d'un bloc rocheux.
Consultez la carte ci-contre pour plus de détails sur la remontée du Saltare, de la Laoscella et du couloir de Serra Pianella avec la variante de la montée à la Pointe Lejosne.
Pour des détails complémentaires, l'article du Blog : Raid Filosorma juin 2015 - J4 et J5.
EN tout état de cause je reste preneur de la trace GPS de ce topo. Nous allons aussi essayer d'explorer la tana di l'orsu, car nous nous sommes pour le moment arretés aux quelques cascade en remontant le fango après le couvent.
Oui, c'est bien cela : il suffit de reproduire la trace sur un site (ou avec un logiciel) qui permet de télécharger la trace GPS ensuite : Géoportail, GPX View, VisuGPX, Openrunner, etc...
Tana di l'Orsu est un exemple typique d'un parcours où le GPS ne sert pas à grand chose :
- toute une partie dans le maquis où hors sente cairnée on ne peut pas avancer et le GPS avec un point exact ne donnera la position qu'à 20m près
- dans la falaise, il ne servira pas à grand chose : c'est comme si on essayait de se servir du GPS dans une voie d'escalade.
Bien entendu, cela permettra de savoir qu'on est complètement perdu, mais on le sait déjà si on n'est plus sur la trace cairnée qu'il faut alors retrouver !
Merci pour vos compliments !
Il est exact que je ne mets aucune trace GPS sur le site, mais c'est historique et lié au fait que le site a démarré en 2005 à une époque où le GPS était rare et où je ne l'utilisais pas...
Depuis, je m'y suis mis mais uniquement pour enregistrer des traces de mes passages hors piste, l'enregistrement sur un sentier (marqué sur IGN) n'ayant aucun intérêt. Cela m'a permis de constater que je passais parfois sans m'en rendre compte assez loin de ce que je prévoyais et de découvrir des erreurs d'itinéraire.
Je l'utilise peu pour de nouveaux itinéraires que je préfère préparer sur la carte. Je reste méfiant quant à l'utilisation du GPS en Corse qui ne tient pas la route face à l'épreuve du maquis et de la végétation !
En outre, cela rend le randonneur paresseux et ne l'incite pas à réfléchir, ce qui est dangereux en montagne insulaire.
Là où il m'a été utile, c'est pour de la restauration de chemins historiques dont les traces existent encore sur les cartes (IGN, Cadastre Napoléon, Plan Terrier, etc...) : avoir la trace la plus exacte possible est très utile pour retrouver les vestiges de ces chemins et restaurer au plus près des anciens tracés !
En dehors de cette utilisation, je ne recommande pas trop le GPS sur l'île...
Comme j'ai fait beaucoup de passages vers Laoscella/Scaffone, je dois avoir certaines traces de ces passages et peut peut-être vous les fournir si vous le souhaitez, mais ces traces sont celles reportées sur les cartes fournies sur le site => il est très facile de convertir une trace papier sur carte en fichier gpx et les erreurs sont minimes.