Un long tronçon emmenant sur un incroyable enchaînement de crêtes, celles du Renoso, celles du Taravo puis celles de l'Incudine (Alcudina) font parvenir au plateau du Cuscione !
Ces crêtes sont encore le refuge de vrais montagnards corses et ce plateau abrite encore les restes de la tradition d'élevage en Corse que les commissions d'enquête parlementaires sur l'utilisation des subsides européennes n'arriveront pas à ternir...
Mercredi 22
Après une longue chevauchée panoramique sur les crêtes du Renoso -un belvédère de choix-, je pars à l'attaque de la Bocca d'Oru. J'ai en effet hâte d'arriver à Prati. Un ami de Corte, ex-gardien de ce refuge, m'a alléché : tu verras, à Prati, la lune se baigne dans la mer. Pressé par les ombres, qui éteignent l'une après l'autre toutes les crêtes alentour, j'avale à grands pas la côte et débouche sur le plateau sommital.
J'ai tout prévu, sauf deux détails : il règne un brouillard épais et Prati n'est même plus là. Il a décidé de rejoindre au panthéon des refuges partis en fumée, ses regrettés compagnons corses de Campiglione, d'Altore et de Pedinielli…
Ignorant les raisons de cette disparition, j'en viens à maudire quelque obscure vendetta, quand je manque d'écraser deux campeurs invisibles : ils m'expliquent, entre deux bâillements, que c'est la foudre et un orage monstrueux qui ont eu raison de Prati. Moi-même condamné, je me prépare à une nuit difficile…
Jeudi 23
Les crêtes du Taravo sont des lieux de rencontre ; j'y croise des statues de granite, qui ressemblent à des guetteurs immobiles, à des objets familiers et à des animaux de ménagerie pétrifiés.
J'y ai aussi rencontré ces derniers jours deux personnages cultes, en chair et en os cette fois& !.
Hier, j'ai fait la connaissance de Jean-François Battistelli, le berger des Pozzi. Installé tout l'été en montagne, il pratique la muntagnera, longue transhumance qui transporte chaque année son troupeau vers les pâturages du Renoso, depuis la plaine de Bastelicaccia. Il m'a proposé de terminer chez lui mon raid, de cesser mon agitation pédestre inutile pour apprendre son métier de fabricant de brocciu. Mais j'ai su m'enfuir à temps…
Aujourd'hui, je rencontre Francis Pantalacci, autre figure des montagnes du sud et gardien d'Usciolu. Depuis sa plus petite enfance, il vient vivre ici plusieurs semaines par an ; les lieux appartiennent d'ailleurs à la tradition familiale et je me souviens y avoir croisé son père, au retour d'une victorieuse chasse nocturne au sanglier.
Francis sert ce soir un copieux ragoût qui fait tirer une drôle de gueule aux randonneurs qui en sont restés à leurs rations. Près de là joue Marie, qui lance des cris de joie. Elle n'a que quelques mois mais paraît déjà à son aise dans cette montagne d'Usciolu où elle prépare sans doute la relève, assurant pour toujours en ces lieux isolés d'altitude l'un des meilleurs accueils qui soient…
Vendredi 24
En flânant sur le plateau du Coscione, je rencontre un berger qui cherche des bêtes égarées dans la montagne. Malheureusement, je n'ai rien entendu qui puisse le réconforter et m'étonne même de le voir travailler si tard, et dans des lieux si lointains.
Un groupe de randonneurs nous a rejoints et la discussion tourne maintenant autour du bétail inventé dans l'île pour toucher les subventions de l'Europe. Je réagis vivement à ces accusations de fraude, en soutenant au contraire la réalité de l'élevage en Corse.
Où donc, en France, peut-on trouver des vaches broutant au bord des plages, en travers des routes, ou même au beau milieu de certains villages ? Notre berger n'est pas content. Des vagues entières de journalistes et de juges viennent depuis peu faire la leçon aux Corses et aux bergers. Et même une commission d'enquête parlementaire, dont les termes ressemblent trop à ceux de commissaire et d'enquêteur pour ne pas révéler que c'est toute la Corse qui se retrouvera bientôt au tribunal…
Lui attend en tous cas ces gens-là de pied ferme. Ils n'ont qu'à monter à l'Incudine ; ils verront comment vivent ici les bergers et ne risqueront pas de prendre leur place. Pour sauver l'île, notre homme a d'ailleurs une solution efficace, qu'il finit par nous révéler : des salaires de bergers pour les députés, des salaires de députés pour les bergers !
Bonjour,
Je n'ai réalisé cette variante que jusqu'à Foce Aperta. Elle est décrite en détail par Alain Gauthier dans la randonnée 42 du petit guide "Corse des sommets" ou 46 de son grand format "Lacs et sommets de Corse".
En synthèse, il s'agit d'abord de rejoindre Punta di Vaddi Temuli (borne 2129) en contournant par la gauche la brèche entre l'Alcudina et Vaddi Tremuli : descente dans la pente NW, traversée sous la brèche, remontée par la pente Nord de Vaddi Tremuli. Ensuite, vers le NE et l'Est, descente d'un couloir herbeux de 15m et remontée de 5m pour atteindre la brèche de Foce Aperta. De cette brèche, il faut contourner par la droite (Sud) les ressauts qui bordent l'arête vers Punta Scarachjana avec qq cairns pour guider : descendre un couloir sur la droite jusqu'à atteindre les aulnes dans le fond du cirque 100m plus bas et remonter ensuite plein Nord vers la gauche une vire amenant vers un gendarme caractéristique de Punta Scarachjana. La suite est facile et emprunte le versant sur la gauche (Nord) pour rejoindre Punta di Tintinnaghja.
Il y a certainement d'autres itinéraires possibles...