Dernière étape de Sermano à Corte, avec une fin de parcours facile et de nombreuses variantes possibles !
C'est la terre du Bozio dont l'ancienne population rurale a été renouvelée par une nouvelle population étudiante bouleversant complètement le rythme et les modes de vie locaux...
Il n'y a qu'en Corse que l'on peut découvrir, perdu à l'écart des routes et au bord d'un sentier moussu, l'œuvre d'un artiste. Sous le village de Sermano, j'ouvre - grâce à une énorme clé qui m'a été précieusement confiée au gîte - la porte d'une chapelle entourée par un joli cimetière champêtre. Je découvre son abside ornée de l'un des trésors du patrimoine historique insulaire : des fresques du XVème siècle représentant un Christ en majesté, entouré de la Vierge et de ses apôtres.
Mis en joie par cette première trouvaille, je poursuis ma route d'un pas allègre, en direction de Castellare. Je croise en chemin deux jeunes randonneurs dont l'accent m'indique que leurs racines ne plongent pas profondément dans cette terre du Bozio. Située aux portes de Corte et de son université, la région a changé d'univers en quelques décennies. Les paysans sont partis et voilà que le pays retrouve par magie un avenir, avec des remplaçants étudiants, regroupés dans de nouvelles communautés villageoises… Drôle de population, à la fois permanente (plus nombreuse année après année), passagère (absente pendant les vacances) et en perpétuel renouvellement.
Sans la vue de Corte à mes pieds, sans le spectacle des hautes montagnes coiffées de neige que j'aperçois en face, l'ultime dégringolade de mon voyage ressemblerait à un atterrissage en plein désert. Je suis en effet rentré pour ces dernières minutes d'errance dans un autre pays, sec et sans arbres. La jungle de la Castagniccia n'est plus qu'un souvenir et je l'ai déjà oubliée. Je m'intéresse maintenant au village de Tralonca, où le feu maintes fois répété a laissé derrière lui un sol presque nu. Je vois aussi ses maisons basses et ses "paillers" aux toits de terre. Déjà hier, sur les berges de la Bravone, j'ai reconnu une Méditerranée plus méridionale. En ce moment, l'aridité et l'architecture particulières de ce pan aride du Cortenais, me font penser aux Atlas de l'Afrique du Nord.
Corte enfin. À la charnière de la Corse schisteuse et de la Corse granitique, au point de mariage de deux gorges et de deux torrents - le Tavignano et la Restonica -, cette ville à la montagne a réalisé le rêve d'Alphonse Allais, génial inventeur de la ville à la campagne. Corte est une vraie curiosité urbaine, à la fois citadine et villageoise, jeune et archaïque, montagnarde mais sans l'animation ni les vitrines d'une station alpine ou pyrénéenne. Peut-être déstabilisé par ce mélange d'ambiances, je me dépêche de prendre le train et de fuir ailleurs, vers une destination moins confuse.
J'ai terminé ma semaine. Demain, je changerai de planète ; que retenir de ces journées, que retenir de la Castagniccia ? De vieux châtaigniers, des villages endormis, des églises pimpantes et des chapelles solitaires… Oui bien sûr. Mais aussi ce pressentiment né au dernier instant, à l'entrée de Corte, qu'après tout une nouvelle chance finira bien un jour (dans dix ans, dans dix siècles ?) par faire renaître dans ce pays un nouvel âge d'or…
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