Imaginer une industrie de la fabrication des pains de glace en Corse est assez difficile, et pourtant... !
Cette amusante petire randonnée vous fait visiter d'anciennes "glacières" au-dessus de Cardo datant des 16ème et 18ème siècles et permettant la conservation du froid pour débiter de la glace...
Les glacières de Cardo
En 1876, un rapport du préfet de la Corse au ministre de l’Agriculture l’informe du développement d’une industrie nouvelle, inattendue dans cette île du soleil, celle de la fabrication de pains de glace ! Ce commerce du froid n’était pourtant pas une affaire bien originale puisqu’il remonte dans certaines montagnes de Méditerranée à l’Antiquité : les hautes montagnes du Liban et de la Sicile (l’Etna) ont ainsi longtemps commercé avec des contrées moins riches en eau, Malte ou l’Egypte notamment.
En Corse, la production de neige s’est beaucoup concentrée sur les hauteurs des deux villes et ports principaux, Bastia et Ajaccio. Au nord de l’île, cette industrie fut facilitée par la proximité des côtes ligures et toscanes et de leurs principales cités (Gènes, Livourne, Pise…). Le pouvoir génois est notamment à l’origine des puits creusés sur les hauteurs de Cardo (village perché dont Bastia fut longtemps la simple marine), « nivere » profondes que l’on remplissait de neige durant l’hiver et que l’on vidait peu à peu ensuite. Une concession, datant de 1635, confirme l’ancienneté de cette exploitation dont on découvre aujourd’hui les traces au bout d’un agréable chemin de maquis, parcourant les flancs de la montagne du Pigno.
Les premières chaînes du froid
Auteur de l’Eau de neige (éditions Fayard), l’universitaire Xavier de Planhol a décrit les usages historiques et les systèmes de conservation de la neige ou de la glace chez divers peuples du Sud. Certaines traditions culinaires - par exemple le gaspacho espagnol, sorte de soupe qui se boit glacée pour accélérer le réveil après la sieste de la mi-journée - furent longtemps tributaires de la conservation du froid en toutes saisons ! Du côté de la Corse, le chroniqueur Paul Silvani (Ca s’est passé en Corse, tome 3, éditions Autres Temps) récapitule quelques sites de production, délaissés dans les années 1920 dès l’apparition des premières chaînes du froid industrielles. Non loin d’Ajaccio, les hauteurs du col de Vizzavona et du village de Bastelica, sur les versants du Monte Renoso, font écho aux anciennes exploitations installées autour de Bastia : montagnes de Castagniccia (le San Petrone, la punta di Caldane), du Tenda (au-dessus de Murato, de Rutali…) et bien sûr du Cap Corse.
Les premiers pas de cette randonnée du froid s’effectuent à l’ombre de quelques palmiers, comme pour mieux souligner les contrastes d’une île au climat partagé entre la douceur habituelle de ses rivages et la relative fraîcheur de ses montagnes… L’itinéraire suit d’abord sur quelques dizaines de mètres la D64 en direction du Sud, avant de s’élever vers la droite. Plus haut, après le bref croisement d’une piste de protection contre les incendies, il visite les premières curiosités du secteur : un ancien site d’extraction de lauzes à ciel ouvert, proche d’une seconde carrière où l’on venait autrefois tailler des meules pour les pressoirs à huile et à grains (le panneau d’information sur cette randonnée des glacières, installé sur la place de Cardo tout près de l’église, précise du reste que certaines marches du sentier sont faites de morceaux de ces meules d’antan…). Plus haut, on découvre une bergerie restaurée, ainsi que plusieurs sources aménagées, dont l’une au voisinage de beaux arbres centenaires (lieu idéal de pique-nique). Après une partie plus escarpée et le passage sous une ligne électrique, le chemin continue son ascension et rejoint une première glacière, la plus ancienne (16ème siècle). Encore cinq minutes de marche et l’on découvre la seconde glacière (18ème siècle), à laquelle est accolée une ancienne maison d’habitation. On se situe alors à quelques dizaines de mètres de dénivelée de la crête du Cap Corse et du Monte Murzaio (880m), objectif tentant pour couronner cette belle balade panoramique.
• Accès : départ derrière l‘église de Cardo (250m), village perché à l’aplomb même de Bastia.
• Difficulté : randonnée sur bon sentier balisé, à éviter seulement par fortes chaleurs.
• Durée : 3h30 aller et retour.
• Dénivelée : 550m.
• Carte : IGN Top 25 Bastia 4348 OT (pli B8).
• A savoir : un bar, tenu par une vieux monsieur sympathique, retourné au pays après une longue carrière marseillaise, est attenant à l’église ; un lieu inévitable donc pour débuter ou conclure agréablement le parcours ; sinon, bien sûr, Bastia offre de multiples commodités et centres d’intérêt…
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