Notre balade de cet article suit un des chemins balisés qui ont été récemment nettoyés en Castagniccia, après que cette région ait enfin intégré le vaste territoire du parc naturel régional !
Celui de la comtesse Mathilde, figure légendaire de l'Ampugnani, fait visiter des hameaux fantômes comme il en existe beaucoup en Castagniccia, région la plus désolée et la plus touchée par l'exode rurale du 20ème siècle...
Les hameaux perdus de la Comtesse Mathilde
Depuis une dizaine d’années, un réseau important de chemins balisés a été nettoyé en Castagniccia, après que cette région ait enfin intégré le vaste territoire du parc naturel régional. L’un de ces sentiers, qui se perche sur la rive droite du Fium’Alto, a été baptisé du nom de la Comtesse Mathilde, figure tantôt historique tantôt légendaire de l’Ampugnani - pays dont la capitale n’est autre que La Porta, fort renommée dans toute la Corse pour son église baroque -.
C’est à moins de 2km à l’est du village de Pruno que fut inhumée, dit-on, cette châtelaine qui vécut au 10ème siècle ; un acte de l’an 936, retrouvé dans l’abbaye de Monte Cristo - île italienne, visible par temps clair au large de n’importe quel belvédère de la région bastiaise -, semble confirmer la réalité de ce personnage dont le souvenir reste depuis vivace dans la tradition orale. Il faut dire, que d’un caractère humble et facilement accessible , celle-ci inspirait à tous un grand respect, au point que lors de ses déplacements dans les villages de son comté, on déroulait devant elle des tapis à l’entrée des églises et on décorait de fleurs les chemins suivis lors de son parcours…
Cette comtesse romantique a laissé également un souvenir dans la commune voisine de Scata. Une curiosité géologique du secteur, nommée « la roche tarpéienne » et soupçonnée d’avoir servi jadis à pendre les condamnés à mort, est du reste située entre les ruines supposées de son château de Lumito et la chapelle San Martino de Lumito, où elle venait volontiers se recueillir…
Une page de la Résistance
Auteur de l’Eau de neige (éditions Fayard), l’universitaire Xavier de Planhol a décrit les usages historiques et les systèmes de conservation de la neige ou de la glace chez divers peuples du Sud. Certaines traditions culinaires - par exemple le gaspacho espagnol, sorte de soupe qui se boit glacée pour accélérer le réveil après la sieste de la mi-journée - furent longtemps tributaires de la conservation du froid en toutes saisons ! Du côté de la Corse, le chroniqueur Paul Silvani (Ca s’est passé en Corse, tome 3, éditions Autres Temps) récapitule quelques sites de production, délaissés dans les années 1920 dès l’apparition des premières chaînes du froid industrielles. Non loin d’Ajaccio, les hauteurs du col de Vizzavona et du village de Bastelica, sur les versants du Monte Renoso, font écho aux anciennes exploitations installées autour de Bastia : montagnes de Castagniccia (le San Petrone, la punta di Caldane), du Tenda (au-dessus de Murato, de Rutali…) et bien sûr du Cap Corse.
Notre sentier (balisé en orange) démarre de Poggio, le plus haut des hameaux de San Gavino d’Ampugnani. Il escalade les ruelles et passe devant la maison Leandri, utilisée en 1943 par la Résistance, en sus de la grotte Pagliaghia, comme base logistique contre l’occupant italien (plaque commémorative, voir encadré). L’itinéraire passe ensuite devant une fontaine, puis pénètre une forêt généreuse dont elle escalade le versant jusqu’à un col, situé au carrefour de multiples sentiers. Le premier file vers la gauche en direction de la chapelle San Bartolomeo, ermitage polyvalent (lieu de pèlerinage au mois d’août, servant alors de buvette, et coreste de l’année comme étable pour bétail divaguant…) ; à signaler que ce chemin s’approche aussi de la grotte Pagliaghia, mais que celle-ci reste d’un accès malaisé. Les deux autres sentiers rejoignent les hameaux fantômes d’Alzi ou de Monte d’Olmo, des lieux poignants et fort enclavés, où ne vivent plus que de rares habitants. Pour revenir sur Poggio, reprendre l'itinéraire suivi à l'aller ou bien redescendre la route de desserte de Monte d’Olmu ; on tombe assez vite au niveau d'une épingle, une piste partant sur la droite et conduisant à la chapelle San Pancrazio (panneau indicateur). Au premier carrefour, il faut alors suivre un large layon forestier qui file sur la droite et permet enfin de revenir sur Poggio.
• Accès : San Gavino (443m) est situé à 45km au sud de Bastia, via Folleli.
• Difficulté : randonnée sur bon sentier balisé, à éviter seulement par fortes chaleurs.
• Durée : 2h30 aller et retour.
• Dénivelée : 350m.
• Carte : IGN Top 25 Vescovato 4349 OT (pli D9).
• A savoir : chambres d’hôtes à Scata, chez madame Fontana, tél. 04 95 36 95 90. Toujours à Scata (commune située entre Poggio et Monte d’Olmu), bel ensemble religieux réunissant la chapelle romane San Martino de Lumito, l’église ancienne Sainte Cécile (romane également) ainsi que le campanile de l’église Saint-Jean-Baptiste.
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