La côte depuis Tizzà (Tizzano) jusqu'à l'entrée des Bouches de Bonifacio (Capu di Fenu) est la partie la plus sauvage et la plus inaccessible du littoral corse avec celle au Nord de Porto. L'unique route locale digne de ce nom, la N196, déroule ses méandres très loin de la mer sauf en quelques endroits : Roccapina (mais l'accès à la plage nécessite tout de même une piste), la baie de Figari et la baie de Ventilegne dont elle touche les extrémités...
Les paysages y sont, par contre, complètement différents de ceux de la Corse littorale du NW, avec des roches de couleurs moins vives, un granit plus gris, des pentes moins montagneuses et d'accès moins raide à la mer : l'originalité de ce littoral est son incroyable découpage en versants rocheux déchiquetés, encombrés de blocs aux formes multiples, sillonnés de criques et de calanques enserrées et parsemés de plages superbes de sable fin incrustées au fond des "cala", des anses et des baies qu'ils constituent. Vous trouverez là les plus belles et plus sauvages plages de Corse, avec des paysages dignes des Seychelles, de l'Ile Maurice et de la Polynésie réunis (sans cocotiers, mais c'est tout ce qui manque) ! Les accès côtiers sont délicats autrement que par la mer qui nécessite tout de même un temps calme, car il n'y aucun abri marin sûr à part, peut-être, la baie de Figari : sinon, ce sont des pistes à peine carrossables et des sentiers littoraux souvent rendus ardus pour cause de maquis qui devront être empruntés pour pouvoir découvrir ces merveilles. Aucune agglomération, ni aucun port important dans ces contrées : sur la N196, le seul village digne de ce nom est le double hameau de Pianotolli-Caldarello, avec un petit port de plaisance dans la baie de Figari, et la côte elle-même est ENTIEREMENT vierge d'habitations !
La partie la plus connue sur le plan touristique de cette partie du littoral est celle allant de Tizzano à Punta di Caniscione, avec la célèbre plage de Roccapina, sa piste facile d'accès depuis la N196 et son "Lion" photographié sous toutes les coutures.
Légende de Roccapina
En Corse, les blocs, les rochers et les montagnes sont souvent associées à des légendes qui se transmettent oralement dans les familles depuis des siècles ! Le Lion de Roccapina n'échappe pas à la règle et vous pourrez vous faire une idée sur sa légende à travers la lecture du livre d'Ina Schimpf et André Restau; Roccapina, Le temple du Lion et autres histoires de pierres en Corse, aux éditions Ponte Novu.
Un roman surprenant mettant en scène la Corse et la géologie de cette dernière. Entre légende et réalité, un livre qui vous fera regarder les pierres d'un autre oeil !
La base de la légende du Lion est l'histoire de ce seigneur de la côte que les Sarrasins avaient surnommé, par crainte, le Lion de Roccapina : il aimait une jeune fille qui le repoussait et, acculé au désespoir, il invoqua la Mort qui le pétrifia en cette figure.
Après Tizzà (Tizzano), seule la plage de Tradicetta (Tralicettu), évoquée dans le chapitre précédent, est accessible à partir de la route de Tizzano, la D48. Pour aller plus au Sud, il faut soit emprunter le sentier littoral de douaniers à l'extrémité SE de la plage d'Argent qui jouxte celle de Tradicetta (Tralicettu) et rejoindre Punta Murtoli ou couper directement vers Erbaghju (Erbaju), soit, plus aisément, partir de la N196 et emprunter la piste très carrossable de Roccapina qui mène à deux parkings au bord de la Cala di Roccapina. De ces parkings, un sentier partant vers le Nord puis vers l'Ouest rejoint l'extrémité SE de la plage d'Erbaghju (Erbaju) après avoir franchi la crête du Lion de Roccapina.
Erbaghju (Erbaju)
- Longue plage de sable blanc, beaucoup plus vaste et beaucoup moins fréquentée que Roccapina.
Roccapina
- Petite plage de sable blanc dans une belle anse étirée, très fréquentée en été. Surplombée par une tour génoise et un lion de pierre situés sur l'arête du Lion (escalade possible sous le Lion).
De l'extrémité Est de la plage, un sentier littoral permet de continuer à longer la mer en hauteur et d'essayer de rejoindre par ce biais, malgré le maquis, les petites plages ultérieures surplombées par la N196 (Mariola, Mucchiu Biancu, Saparella, Furnellu) avant la Punta di Caniscione qui garde l'entrée de la Cala di Furnellu. Ces plages sont plus aisément accessibles depuis cette même N196 par des sentiers ou pistes y descendant : sous toutes réserves, car je n'ai personnellement pas pu pratiquer ces sentiers.
Punta di Caniscione
- Pointe ouvrant la Cala di Furnellu et supportant la tour génoise d'Ulmetu (Olmeto).
Circuit littoral de Tizzà (Tizzano) à Roccapina (06/2009) :
Comme le parcours précédent, cette randonnée littorale peut se pratiquer dans un sens ou dans l'autre. Elle est décrite ci-dessous en partant de Tizzà (Tizzano) et en allant à Roccapina et, dans ce sens, elle peut constituer la 2ème étape d'un trek Campumoru - Bonifacio.
C'est une randonnée proposée ici depuis Tizzà (Tizzano), mais qui peut aussi être réalisée dans l'autre sens depuis Roccapina. Dans tous les cas, si on ne le fait pas en aller-retour, une navette de voitures est nécessaire.
• Accès : Se garer à Tizzà (Tizzano) près de la plage de l'Avena. Traverser la plage et prendre le petit sentier au Sud qui monte à D (W) sur la falaise.
• Dénivelé : Négligeable dans le franchissement de certains petits cols proches de la mer.
• Itinéraire : Le sentier longe la côte SW du Capu di Zivia dans une petite falaise rocheuse chaotique au départ. En suivant la côte, loin avant la pointe, il retrouve vite le maquis dans une partie moins encombrée de rochers et plus aisée. Derrière, il rejoint la pointe dans une zone à nouveau plus rocheuse mais plate et contourne cette pointe autour de Punta di a Botta (rencontre possible avec des kayakistes !). Puis il revient vers l'Est en longeant toujours la côte dans une zone de plus en plus encombrée de végétation, jusqu'à retrouver une piste carrossable (4x4 !) qui mène à la plage de Tradicetta (2h). Longer cette immense plage jusqu'à son extrémité SE et franchir une petite pointe avec des rochers et du maquis bas avant de retrouver l'anse où se blottit la plage d'Argent (Cala Barbaria).
De l'extrémité SE de cette plage, un sentier continue alors vers le SE en shuntant la Punta di Murtoli (visite possible par sentier dans des zones très rocheuses), passe un col et descend sur une zone clôturée correspondant aux belles maisons restaurées de Murtoli (propriété privée, port privée et résidence de vacances haut de gamme !). On contourne cette propriété par le N (le long de la clôture et loin de la mer), on traverse la piste d'accès et on continue au SE par un sentier étroit qui emmène à la plage d'Erbaghju (4h) avec l'embouchure de l'Ortolu (pas aisée à traverser à certaines périodes : pont en amont à 300m !).
Longer cette grande plage de 2 km jusqu'à trouver un sentier à gauche balisé en bleu et menant à la tour de Roccapina sur la crête. Visiter la tour et le Lion un peu plus loin (sans monter aux ruines, car ascension dangereuse !) avant de reprendre le sentier vers l'Est et une descente raide menant à l'extrémité W de la plage de Roccapina et son parking (5h30).
• Retour : Possible par le même chemin (mais long). Organiser plutôt une navette de voitures ou à réaliser en étape de trek.
• Intérêt : Une balade en bord de mer dans un superbe paysage sauvage et préservé, beaucoup moins connue que celle de Campumoru - Tizzà, mais presque aussi longue et belle. Beaucoup moins de randonneurs et beaucoup moins de bateaux dans les nombreuses criques du coin qui accueillent surtout des kayaks de mer. Ne pas négliger la première partie autour du Capu di Zivia (shuntable aisément en accédant directement par piste à la plage de Tradicetta) qui est très originale. La plage d'Erbaghju constitue le must de cette randonnée : très belle, même comparée à Roccapina, beaucoup plus sauvage et agrémentée par l'embouchure de l'Ortolu à son extrémité W où l'on sent la proximité de la Cagna. On retrouve la foule ensuite à la Tour et au Lion que les touristes viennent visiter en assez grand nombre en été !
L'itinéraire complet de cette randonnée vous est détaillé sur la carte ci-contre. Consultez aussi avec intérêt le compte-rendu de l'étape du trek de juin 2009 correspondante !
Et bien, s'ils ont eu du mal à trouver ce sentier, il faudra qu'ils fassent des progrès pour aller plus loin en randonnée corse !