Corse, paradis du canyoning
Un réseau hydrographique varié en territoire montagneux raide et sauvage, une eau abondante sauf l'été (et encore), un climat exceptionnel, une roche majoritairement granitique d'une dureté et d'une beauté incomparables, des canyons situés souvent à basse altitude et les joies des approches en maquis, font de la Corse l'un des paradis du canyoning dans le monde : je le sais bien, je n'en fais qu'en cet endroit ! C'est d'ailleurs le titre d'un des topos de canyonisme indiqués dans la partie droite de cette page. Avec 73 canyons (chiffre loin d'être exhaustif : le topo Corse Canyons parle de 142 descentes !) répertoriés sur le site , la Corse est située au 4ème rang des régions recensées sur ce site et permet la pratique en toutes saisons plus facilement qu'ailleurs : pas besoin d'emporter piolets/crampons et de faire de la cascade de glace comme certains acharnés sur le continent. En outre, il est clair que le potentiel de nouveaux canyons à découvrir et à ouvrir est encore incroyablement important en Corse et que ce terrain est propice à toutes les aventures pour les spécialistes !!
Cette page peut être illustrée par un chant corse en accompagnement que vous devrez démarrer vous même via le lecteur JW Player en haut du bandeau de droite et contrôler en cliquant sur les boutons de contrôle correspondant :
Avertissement de sécurité
Cet article sur le canyoning en Corse ne saurait commencer sans un préambule concernant la sécurité en canyoning et un avertissement concernant ma pratique personnelle, contre-exemple complet de ce qu'il faut faire dans ce domaine et non recommandable selon les standards de l'activité. Ainsi, vous verrez dans mes descriptions et sur les photos des comportements à ne pas reproduire, tels le non-port du casque, l'activité en solo, l'utilisation de matériel de montagne (cordes, baudriers, sacs), le rappel en technique montagne, etc...
Il faut bien comprendre que cette activité est à risques, que l'hélicoptère n'est pas toujours là en Corse et qu'un minimum de formation ou d'expérience est nécessaire pour pratiquer sans accompagnement expérimenté ou encadrement. En particulier, il est utile de rappeler les quelques conseils de base :
- Prendre la météo et s'assurer qu'elle est correcte : en Corse, comme ailleurs, l'orage n'est pas rare et se faire prendre par une crue est une catastrophe. Se méfier des orages sur le bassin versant en amont, surtout si ce bassin versant est invisible !
- Avoir une bonne condition physique : marche sur sentier et en cours d'eau sur des blocs, rappels et désescalades, nages, eau froide sont des éléments le nécessitant
- Prendre un matériel approprié : casque (sur la tête dans le canyon), combinaison néoprène (même en été, l'eau peut être froide et si le parcours est long ... !), baudrier, cordes de longueur appropriée, huit et matériel de rappel, sac et bidon étanches, éclairage, kit d'équipement, pharmacie, nourriture, éventuellement matériel de bivouac. Le tout adapté à l'activité : pas de cordes dynamiques mais des cordes spéléo ou spécifiques, baudrier protégé des frottements, casque adapté à l'eau et aux sauts, ...
- Connaître les techniques spécifiques ou se faire accompagner : beaucoup de techniques montagne ne sont pas adaptées au canyoning, en particulier aux problèmes liés à l'eau, aux forts débits, aux courants formés par les cascades, aux rappels sous cascades arrosées, aux descentes avec des groupes, ...
- Adopter les consignes principales de sécurité pour la descente : sonder les vasques avant les sauts, vérifier les tobbogans avant passage, vérifier les amarrages, contrôler les départs de rappel arrosés, ...
Pour être au point sur technique et sécurité : (re)lire avec utilité le manuel de la FFME indiqué à droite de cette page, se faire accompagner par des encadrants expérimentés lors de ses premières sorties ou participer à des stages de formation.
Enfin, ne pas oublier la partie relative à la préservation de l'environnement et les égards obligatoires envers les propriétaires riverains ou autres utilisateurs du torrent que vous parcourez.
Caractéristiques des canyons corses
Il m'est difficile de comparer les canyons corses avec ceux d'autres régions continentales, compte tenu de ma pratique exclusive en Corse, mais on peut essayer de résumer ce qui caractérise les canyons locaux et vous comparerez par vous-même :
- Une géologie dominée par des granites (80/85 % de la surface environ) au NW et au Sud et des schistes à l'Est et dans le Cap Corse, avec toutes ces roches profondément marquées par les sculptures des tavoni (ou tafoni : trous d' érosion en nid d'abeille provoqués par le vent et le sel). Cette géologie a créé sur le versant occidental des vallées profondément creusées, des dénivellations fortes et des pentes raides beaucoup plus marquées que sur le versant oriental
- Des paysages spectaculaires et grandioses, surtout en terrain granitique, avec des eaux cristallines et des vasques somptueuses, s'étalant à toute altitude et jusqu'à la mer elle-même (célèbre exemple du canyon du Dardu à Piana)
- Un climat très irrégulier, mais permettant une pratique tout au long de l'année :
- l'été, très chaud et sec, est marqué par l'étiage des torrents, pas mal de canyons secs à cette époque et des orages redoutables
- l'automne est la saison la plus arrosée, avec des crues dévastatrices, et peu favorable à la pratique sauf aux périodes d'après crues
- l'hiver, avec la neige et le froid qui arrivent en gros fin novembre, est une saison à débit variable mais qui permet une pratique régulière
- le printemps est lui sujet à des débits très irréguliers et donc une alternance de périodes où la pratique est possible et d'autres où elle ne l'est pas
- Des accès qui n'ont rien à voir avec ceux du continent : pas de panneaux, pas de balises, pas de peinture et des topos qui étaient, jusqu'il y a peu de temps, inexistants ou peu explicites. Et bien sûr, pour couronner le tout, des sentiers en voie de disparition ou aléatoires, des traces à vous faire avaler votre casque, le tout dans cet environnement végétal inépuisable que constitue le maquis (Cf. Progression en maquis corse) !
L'expérience personnelle
Au début des années 1990, le canyoning était inconnu en Corse sauf pour quelques initiés explorateurs et ouvreurs. A ma connaissance, à l'époque, les canyons descendus devaient se compter sur les doigts d'une main, les ouvreurs gardaient pour eux leurs découvertes et il n'y avait strictement aucun topo. Débarqué en 1983 dans l'île, pratiquant surtout randonnée, ravinisme et escalade, je ne connaissais même pas le terme canyoning quand je fus invité par des amis (continentaux) à partager une découverte qu'ils avaient faite à côté de Bocognanu quelques années avant : la descente ludique d'une gorge étroite, la Richiusa, terminant le torrent descendant du Migliarellu, la Cardiccia. Cette descente s'est effectuée au mois d'août par forte chaleur, au sein d'un groupe de 5 personnes (dont 3 enfants), sans corde, en tee-shirt et en 1 h 30. Environ une trentaine de jeunes firent la descente ce même jour avec le même dénuement matériel et personne ne parlait de canyoning !
Une autre auto-initiation en 1992, lorsque, en cherchant à explorer une gorge montant aux Ferriate à Bavella, je découvris l'entrée du canyon de la Vacca avec mon fils et que nous l'avons exploré, à pied sec en aller-retour, jusqu'au rappel de 15m avant les biefs finaux.
Ce ne fut qu'avec la parution du Guide IGN de 1995, qui abordait toutes les activités sportives de la montagne corse, que je découvris le terme canyoning, son application à la Corse et des informations sur une trentaine de canyons corses déjà ouverts: c'est ainsi que je démarrais une campagne de quelques années, avec femme et enfants, consistant à faire en famille l'ensemble des canyons du Guide IGN et, qu'à l'exception de Piscia di Gallu, nous y parvinmes sans galère spéciale (fracture de la cheville en 1997). Les premières années furent celles de l'apprentissage sur le tas : descente en petit groupe (2 à 5 personnes), en tee-shirt, avec exclusivement du matériel de montagne (pitons et marteaux inclus) et sacs de montagne usagés et troués en guise de portage ! A l'époque, pas question de casque, que nous n'emportions d'ailleurs même pas en escalade sur les rochers de l'île.
Au fil des ans, la lecture de quelques livres de canyoning aidant, nous avons tout de même fait l'investissement de combinaisons shorty, de sacs et de bidons étanches mais nous sommes restés résolument au matériel de montagne, ne voulant décidément pas emporter en vacances double équipement ! Aujourd'hui, toujours résolu à me passer d'encadrement professionnel et à éviter les troupeaux emmenés par les Moniteurs locaux (BEs), j'ai préféré continuer l'activité accompagné de ma femme (les enfants ne nous accompagnent plus : nous sommes trop nuls en escalade !) ou en solo, sur la base de mon auto-didactisme précédent.
En conclusion : une formation sur le tas en dehors des normes et une pratique peu sécurisée, tempérées par le fait que cette pratique soit exclusive à la Corse en juillet/août (une petite combinaison suffisant dans tous les cas et j'ai quasiment de quoi bivouaquer dans le sac étanche), qu'elle se limite aux canyons sans débit (pas besoin de technique de rappel débrayable ou autre, même si aujourd'hui je les connais) et que je pratique plutôt le canyon comme de la descente de gorges en montagne (je fais peu de sauts et j'évite les toboggans, sauf les plus évidents). Vous verrez donc dans les pages suivantes que nous n'avons parcouru aucun gros canyon de l'île et que je ne m'imagine pas aller faire le Tignoso par mes propres moyens sans formation et expérience complémentaires. De plus, je sais dorénavant à qui m'adresser pour cela, puisque j'ai découvert (via Internet et ) et son animateur Franck Jourdan et que ce sera un plaisir de me mêler à eux pour progresser !
Les canyons parcourus
La suite de l'article se contente d'indiquer les courses que nous avons parcourues, des photos les accompagnant et une appréciation subjective pour les citer. Ces courses sont classées selon les deux catégories suivantes, qu'il me semble important de bien différencier en Corse :
- Les Balades aquatiques : j'avais été étonné de trouver sur la base de canyons de descente-canyon.com bon nombre de descentes référencées "canyons", alors qu'elles ne nécessitent aucun équipement, ni technique particuliers. Il me semble donc utile de bien référencer ce type de course qui peut être réalisée sans matériel spécifique (petite combi éventuelle en cas de longue descente), ne nécessitant aucun rappel obligatoire, sans sauts ni toboggans obligatoires, et présentant des accès sans danger. Ces courses peuvent être pratiquées par n'importe quel groupe en bonne condition physyque, sans encadrement ou accompagnement spécial
- Les Canyons (les vrais !) : c'est la catégorie dans laquelle ont été rangées les vraies descentes avec rappels obligatoires, sauts et toboggans obligatoires, nécessitant donc un minimum d'expérience technique et ne pouvant se faire dans l'improvisation
- Autres canyons : la dernière page consacrée aux indications que je peux donner sur les autres balades ou canyons de l'île que je n'ai pas parcourus, mais sur lesquels je peux donner une information ou une opinion
- La liste des courses et leur classement sont donnés sur la partie droite de la page avec un accès direct possible pour chaque canyon listé
Avertissement : les balades aquatiques et canyons présentés dans les pages de cette rubrique ont été réalisés sur une période de plus de 20 ans et les informations indiquées peuvent donc ne pas être du tout à jour. En Corse, plus qu'ailleurs, l'état de la végétation, des sentiers, des bergeries, des abris, des refuges et de l'eau sont des variables extrêmement fugitives et fluctuantes qui devraient être vérifiées et mises à jour avant toute course ou bien être intégrées comme obstacle éventuel lors du parcours. Pour vous informer de la fraîcheur des informations, la date de mon dernier parcours est indiquée entre parenthèses pour chaque balade aquatique ou canyon décrit.