Toujours à la recherche du temps passé, cette fois-ci le long des rives de la Bravone, un Dimanche de foule !
De hameaux délaissées en églises sans ouailles, la Bravone emmène jusqu'à Sermano où certains vivent les avantages et inconvénients du retour au "pays"...
Je retrouve tôt ce matin la Bravone. Hier nous avons lié connaissance sur le petit pont de la route départementale qui l'enjambe près de Pianello, avant qu'elle ne plonge dans un long défilé inaccessible, farci de falaises chaotiques. Aujourd'hui, je la traverse à l'aide d'une modeste passerelle, posée à l'amont d'une clue miniature où elle descend bondir de vasque en vasque.
Pour fonder l'existence de ce pont discret, caché sous les arbres, les gens de la vallée ont eu la bonne idée de construire sur l'autre rive quelques maisons, formant un hameau à présent délaissé. J'y entrouvre la porte d'un séchoir à châtaignes à peu près conservé ; plus loin, je découvre une église dont les plus fidèles pratiquants sont une paire de mulets qui me toisent d'un air goguenard. Les lieux me font penser aux sierras d'Aragon et à leurs villages abandonnés. J'ai souvent vu dans cette Espagne, comme à Saint-Vincent, les mêmes toits gris affaissés sous le poids des lauzes, les mêmes portes entrebâillées aux clés disparues…
C'est aujourd'hui dimanche et les bords de la Bravone, sans doute bien calmes le reste de la semaine, sont pour une fois animés. Outre les inévitables chasseurs, je croise une amazone galopant le long du torrent et trois promeneurs venus à la chasse aux fruits. Le val où je déambule est en effet un cas rare en Corse ; une sorte d'enclave campagnarde, cernée de paysages d'une autre nature et parcourue par une rivière qui paresse gentiment à plat, attendant que le relief à l'aval ne lui impose un cours plus turbulent. Des morceaux de prairie, de vieux vergers de cerisiers et de pommiers aujourd'hui à la merci des seuls troupeaux, témoignent d'un passé agricole et rural encore vivant il n'y a pas si longtemps…
Je finis ma journée à Sermano ; le gîte est simple et accueillant. J'y entends encore la même histoire, celle du couple revenu au continent pour retrouver ses racines… L'homme de maison a l'air satisfait dans ce trou perdu au beau milieu de son île ; il a ses amis d'enfance sous la main et évidemment la chasse pour le distraire. Sa femme semble moins convaincu des bienfaits d'un pays où elle se sent un peu étrangère, où elle manque à la fois de compagnie et d'occasions de se divertir. Elle me parle de ses escapades vers Bastia, nécessaires pour quitter l'enfermement de la vie au village ; bref d'une Corse qui n'est pas le pays du farniente heureux que d'aucuns se plaisent à imaginer au moment du choix d'une nouvelle existence…
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