On aborde ensuite la région des "vraies" montagnes !
Du massif de Popolasca jusqu'au Rotondo et Monte d'Oro, ce n'est qu'une succession de hautes montagnes entaillant la longue crête NW/SE matérialisant la dorsale de partage des eaux de la Corse des Grands Monts...
Cette seconde partie fut enfin dédiée à de véritables montagnes. Pas tout de suite bien sûr ; il nous fallut d’abord remonter des paysages particuliers où l’incendie, passé par là avant notre visite, n'avait pas fait les choses à moitié, brûlant des centaines d'hectares et n'épargnant que de rares fonds de vallon. Notre parcours chemina longtemps entre des tiges d'asphodèles, hautes de près d'un mètre, qui délimitaient une artère singulière et lugubre. Deux heures plus tard, un maquis épais et magnifique nous redonna l’impression de marcher sous terre ; nous avions pris pied auparavant sur une lune inerte et nous voilà enfin tels des héros de Jules Verne à découvrir l'un après l'autre les mondes du silence. En Corse, tout change si vite...
Après la vue d’une nature désolée, voici le spectacle d’un autre Giussani, celui de villages paisibles, illuminés de soleil, d’une collection de ponts muletiers et de tant de vestiges d’une ancienne société rurale qui révèle encore à chaque pas, dans une sorte d’exposition d’accès libre, les témoignages de son passé décomposé...
Le massif de Popolasca nous offrit ensuite une autre diversité, celle d’une montagne aux chemins dérobés. Nous l’avons abordée le dos voûté sous le poids de sacs monstrueux, qui nous faisaient ressembler à ces tortues de Moltifao, découvertes le matin même dans un musée qui leur est spécialement dédié. Après de longues heures perdues à rechercher l’ancien sentier du vallon de Negretto, dans une jungle incroyable de mousses et de lianes, nous trouvâmes enfin un itinéraire en balcon surplombant les gorges de l’Asco et qui nous conduisit tout droite jusqu’à l’abri providentiel de Bradani. Un bout du monde pour ermites, où nous avons finalement improvisé un couchage de fortune, au coin d’un feu récalcitrant : le poêle de cette bergerie-refuge, après nous avoir longtemps asphyxiés de fumées blanches, eut bien du mal en effet à nous livrer sa chaleur bienfaisante !
Aux bergeries de Ballone, nous avons conclu cette section laborieuse, oscillant sans cesse sous la longue crête du chaînon du Cinto, en retrouvant le GR20 et son tracé abondamment balisé. Pour fêter ces retrouvailles, une soupe roborative de haricots géants nous redonna de la force pour plusieurs jours et pour affronter les classiques du secteur : depuis le lac de Nino et le cirque de Capitello, jusqu’aux sommets de la Corse que, par défi stupide, il nous fallut vaincre à tour de rôle : Paglia Orba, Monte Rotondo et Monte d’Oro...
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